Installation...

Le nouveau professeur découvrit sa chambre avec satisfaction. Il posa son unique sac, et s'étira. La pièce, spacieuse, dégageait une impression de confort malsain. Tyki alla ouvrir les rideaux qui couvraient les deux fenêtres de la chambre et commença à s'installer. Il n'avait que très peu d'affaires. Transporter des choses c'était pas son truc. Il sortit quelques vêtements, une paire de dés et un morceau de ruban violet. Il rangea le tout, et se mit à réfléchir.

"Bon...Prof de quoi ? Avec mes compétences...De criminologie ? Comment apprendre à tuer une personne sans laisser de traces. J'sais pas si c'est une bonne idée."

Pour l'instant, il valait mieux leur apprendre la discrétion. Il eut un sourire satisfait. Il ne lui restait plus qu'à trouver une salle de classe. Après peut-être...Il effleura le ruban du bout du doigt, et décida de retourner dans le hall. Il y trouverait surement des infos utiles.

Kozue avait longtemps cherché la chambre de Tyki. Elle avait essayé de trouver un plan, en vain. Elle avait parcouru en long et en large des dizaines de couloirs. D'ailleurs, elle fut surprise de la taille de l'Académie. De l'extérieur, elle semblait moins grande... Au bout de quelques heures de recherche, la jeune fille avait presque abandonné. C'est lorsque elle tentait de retrouver son chemin qu'elle avait aperçu le nom de Tyki Mikk, gravé sur une porte en bois. Elle s'était approchée avec précaution. A présent, elle était debout, la main levée. Elle frappa deux fois, et attendit, anxieuse. Rien. Elle recommença. Cette fois-ci, la porte s'entrouvrit. Elle examina l'entrebaillement. Elle n'était pas fermée...

"Je ne dois pas entrer...je ne dois pas entrer...je ne dois pas..."

Elle se mordit la lèvre inférieure et poussa la porte. A l'intérieur, tout était propre. Malgré le fait que Tyki n'y étais pas resté longtemps, son odeur s'était déja impregnée un peu partout dans la pièce. Elle s'approcha du lit et aperçut le morceau de ruban violet que Tyki avait posé sur la petite table à côté. Elle s'en approcha, et l'examina. Elle l'avait déja vu quelque part...

Tyki, revenu du Quartier de la Peur, avait remarqué que la porte de sa chambre était à moitié ouverte. Il s'approcha, et entra sans faire de bruit.

"Tiens...Il faut que je t'apprenne la discrétion Kozue."

La jeune fille s'était figée. Tyki s'approcha d'elle, et posa sa tête sur son épaule. Il regarda le ruban, et eut un sourire.

"Tu sais que j'ai eu du mal à te reconnaître ? En tout cas, ta nouvelle coupe te va très bien. Puis-je quand même te demander la raison de ta présence ?"

Il n'était pas du tout contrarié, au contraire même. Il se recula, et observa la jeune fille de dos. Il haussa un sourcil interrogateur. Elle n'avait pas l'air bien.

Lorsque Tyki était entré, la jeune fille s'était figée. Elle regardait le ruban désespérément, mais celui-ci n'intervint pas. Traître. Elle frissonna au contact de Tyki, et se mordit la lèvre inférieure.

"Je...En fait...je me promenais par hasard et..."

Etrangement, elle eut la nausée. Ce n'était pas le fait d'être entrée sans permission, mais plutôt un malaise...Elle ferma les yeux et se recroquevilla.

"Je suis désolée...J'avais juste envie de savoir ce que tu faisais."

Elle n'osait pas le regarder. Elle le sentit se détacher, mais ne se retourna pas. Elle eut un vertige. Elle aurait voulu parler, le regarder, le toucher. Elle aurait voulu dire ce qu'elle avait sur le coeur. Elle en eut les larmes aux yeux.

"A chaque fois que je te vois, tu parais inaccessible. Dans un autre monde que le mien. Plus élevé..."

Il l'écouta, silencieusement. Il ne s'était pas trompée, elle n'allait pas bien. Il l'observa, toujours de dos. Elle avait l'air si frêle...Avait-elle fait le bon choix, de venir chez les Devils ? Il la contourna, et se plaça face à elle.

"Si tu trouves que je suis trop élevé pour toi alors..."

Il la prit par la taille et la souleva.

"Il suffit de t'élever un peu. Et si jamais tu ne peux pas..."

Il la reposa au sol, puis se pencha, de sorte que ses yeux arrivent au niveau de ceux de la jeune fille.

"Alors je me baisserai. C'est aussi simple que ça. Au fait, moi j'aimerais savoir pourquoi, à chaque fois que tu es avec moi, tu pleures. Tu me trouves méchant à ce point ?"

Elle avait sourit, à travers ses larmes. S'élever, elle n'y arriverai pas. Mais cela lui avait plaisir. Elle le regarda s'agiter devant elle. Il essayait de la faire sourire.

"Je ne te trouve pas méchant...Mais je suppose que c'est parce que..."

Elle se tut. Parce que...Elle repensa à Koyuki. Elle sourit faiblement, puis releva la tête.

"Parce que...moi...je t'aime."

Elle baissa les yeux, le sourire aux lèvres. Peu importe ce qui allait se passer, elle s'en fichait. Au moins, elle lui aurait dit. Tyki n'était pas une cible choisie au hasard. Elle éprouvait vraiment quelque chose pour lui. Les yeux mi-clos, le regard dans le vague, elle semblait perdue dans ses pensées. Peu importe ce qui allait se passer. Peu importe.

Tyki s'était figé. Il observa la fenêtre, silencieux. Il ferma les yeux et serra les poings. Lorsqu'il se tourna vers Kozue, elle semblait paisible. Il s'approcha, tout doucement. Pour une fois, il voulait être égoïste envers elle. Il prit la main de la jeune fille et la posa sur son front. Il savait que son caractère pouvait la blesser. Et pourtant...

"Peu importe ce qui arrivera. Peu importe..."

Il l'embrassa. Il se moquait de savoir qu'elle était bien plus jeune que lui, ou que c'était un criminel.

"Par contre, tu ne m'empêcheras pas de draguer. C'est dans ma nature tu sais ! Comme le vol ou ce genre de chose..."

Il eut un petit sourire. La petite silhouette, si mince et si frêle, était blottie contre lui.

"Et maintenant, en plus d'être un voleur et un meurtrier, je suis un pédophile. Je vais avoir une sacrée réputation."

Kozue eut un nouveau vertige. Blottie contre Tyki, elle souriait faiblement.

"Idiot. Si jamais une fille t'approche, je la tue."

Elle joua avec les cartes de Tyki. Il avait la peau froide...Son parfum semblait envelopper la jeune fille.

"Eh oui...un véritable prédateur hmm ?"

Elle ne se sentait pas bien. Sa vision devint floue. Sa respiration ralentit. Elle ne voulait pas quitter l'étreinte de Tyki...Ses muscles se décontractèrent. Elle leva la tête vers le visage du jeune homme, et sourit. Sans un bruit, elle sombra dans l'inconscience. Sa dernière pensée fut pour lui. "Laisse moi être avec toi".
Dans l'obscurité, elle aperçut au loin une lumière. Elle était seule, alors elle commença à marcher à sa rencontre d'un pas fatigué. Elle ne put déterminer combien de temps elle mit avant d'y arriver. La lumière provenait d'une lanterne posée sur une petite table. Kozue s'en saisit, et fut projetée dans la cour de sa maison, sur Terre. Elle se vit, en train de parler avec une jeune femme. Elle se souvint. C'était Kagura, une...amie.

K : "Tu sais Kozue, tu ne devrais pas le fréquenter. Tyki est, non seulement un malfaiteur, mais aussi un séducteur. Il pourrait te faire du mal. De plus, il est seulement intéressé par ton argent, tu le sais."

"Tant pis. Il peut me voler, me tuer, me torturer si il le veut, je m'en fiche. Au moins, je serais avec lui."

Un coup de vent changea le décor. Cette fois-ci, Tyki était présent. Kozueavais rendez-vous avec lui, et Kagura était venue. Elle avait passé une horrible après-midi. Kagura et Tyki parlaient souvent ensemble. Ils se ressemblaient...Même âge...Même discours...La jeune fille avait fini par la détester.

De nouveau, un coup de vent. Mais cette fois-ci, elle fut ramenée dans l'obscurité. La lanterne avait disparue. Kozue se recroquevilla sur le sol, et contempla le sol noir de ses yeux vides. Oui, elle se souvenait.

Tyki avait rattrapé la jeune fille de justesse.

"Kozue ? C'est pas vrai...Tu es malade ?"

Il la souleva et la déposa sur son lit. Il s'installa près d'elle en soupirant. Elle avait toujours une faible constitution. Il jeta un coup d'oeil sur son visage et ne put s'empêcher de sourire. Il se redressa et alla humidifier une serviette, qu'il posa sur le front de la jeune fille. Son sommeil avait l'air agité...Il s'approcha de la fenêtre et regarda à l'extérieur. Pluie, encore. Il aimait la pluie. Elle effaçait tout...Le présent, comme le passé. Il se retourna brusquement. La jeune fille avait prononcé le prénom de Kagura. Tyki, immobile, la fixa. Elle répèta de nouveau "Kagura". Elle ne savait pas ce qu'il s'était passé...n'est-ce pas ?

"Pourquoi tu parles d'elle..."

Il détacha les cartes accrochées à sa ceinture, et, à l'aide d'un feutre, écrivit un mot sur chacune d'entre elles. Il les remit à leur place, et alla se rasseoir près de Kozue.

La jeune fille ouvrit lentement ses yeux. Elle aperçut le visage de Tyki, penché sur le sien. Elle se redressa, sans un sourire, son regard sombre fixé sur un point lointain. Elle se sentait fatiguée, et de mauvaise humeur.

"Pourquoi est-ce que tu as le ruban de Kagura ?"

Il lui sembla avoir un goût amer dans la bouche. Kagura. Elle l'avait rencontrée un peu après Tyki. Elles avaient rapidement sympathisé. Kagura était la grande soeur idéale, toujours souriante, attentive, jolie. Elle aimait les pâtisseries, les robes bouffantes, les rubans, Et Tyki semblait tellement intéressé par elle que Kozue avait décidé de lui ressembler. Toujours sourire. Même si tu souffres, souris. Apprends à aimer le sucré. Et chaque jour, elle avait mal au coeur en se regardant agir comme ça. Elle avait haït cette "grande soeur" si parfaite.

"Et...Je ne veux pas de mensonges."

Elle se tourna vers Tyki. Elle se demanda si elle ne préferait pas plutôt un mensonge. Elle avait peur de savoir ce qu'il s'était passé.

Tyki avait rapidement remarqué que la jeune fille était d'humeur sombre. Il n'en comprit pas tout de suite l'origine.

"Le ruban ? Ah. Je ne pensais pas que tu t'en souviendrais."

Il passa la main dans ses cheveux, et observa le ruban en question. Une vague idée lui vint à l'esprit. Elle était jalouse ? De Kagura ? Pourtant elle était son amie...Il la regarda. Ses yeux étaient plus foncés. Il ne put s'empêcher de penser qu'elle était vraiment mignonne. Il retint une envie de s'approcher d'elle. A présent, il devait décider de ce qu'il devait dire. Il avait peur que la vérité la blesse. Elle l'admirait tellement...

"Je ne me souviens plus trop..."

Il regarda la jeune fille. Il n'était pas doué pour lui mentir. Il commença à s'approcher. Il n'arrivait pas à comprendre son attitude.

Kozue observa les yeux sombres de Tyki. Ils étaient très foncés...Presque noirs. Elle le laissa s'approcha, sans dire un mot. Elle avait compris que ce n'était pas la vérité. Un mensonge aussi gros...Cela confirma ses craintes. Il avait quelque chose à se reprocher. Elle les revit, si proches...

"Tu es amoureux d'elle ?"

Elle restait immobile. Sa voix était froide, tranchante. Elle leva les yeux vers la fenêtre, au fond de la pièce. Les gouttes de pluies glissaient sur la vitre silencieusement. Les nuages gris s'entassaient, comme pour cacher le soleil. L'atmosphère semblait correspondre à l'humeur de la jeune fille. Elle leva la main, et laissa glisser ses doigts sur le bras de Tyki. Ils laissaient un sillon sur la chemise du jeune homme. Comme des gouttes de pluie...

[ HRPG : je squatte :p ]

Koyuki trainait dans les couloirs . Les cours devaient sûrement bientôt commencer , mais personne ne pouvait encore les assures , le clan des devils étant en renovation . Elle soupira mais vit un nom qu'elle reconnut , parmis les portes du long couloir des professeurs .
Elle mit la main sur la porte et s'approcha de la petite enseigne : " Tyki Mikk "
Elle tapa dans ses mains :

* C'est un prof' lui ? Peut être ... *

Elle hésita à entrer pour le saluer , quand elle entendit des voix parler à l'intérieur .
Elle reconnut celle de son amie : Hiroki Kozue . Elle resta plantée devant la porte , addosée à celle-là et regardant sur le côté . Elle ne sait pas pourquoi , mais elle sentait le roussi ... Le mensonge , la trahison . Elle agitait la tête sur le côté et attendait que les deux devils eussent finit leur conversation .

* En aucun cas tu les dérangeras , tu comprends , Koyuki ? *

Tyki se figea. Il baissa les yeux vers la main de la jeune fille, qui continuait sa descente. Une fois arrivée à son poignet, il la prit dans sa propre main. Cette humeur sombre, il la connaissait. C'était avant que Kozue ne rencontre Kagura. Il releva la tête vers la jeune fille et soupira. Si il lui disait qu'il était amoureux d'elle, il pourrait sortir de cette situation. Mais entre ça et la vérité, quelle solution était la meilleure ?

"Kozue..."

Il baissa la tête et posa la main de la Devil sur son front. Malgré son humeur froide, le corps de la jeune fille était toujours plus chaud que son propre corps. Il ressenti davantage la chaleur qu'elle dégageait sur les stigmates imprimés sur son front. Lentement, il reposa la main de Kozue et se détacha d'elle.

"Je ne peux pas te dire ce qu'il s'est passé."

Il eut un sourire triste tout en la contemplant. Elle semblait absente. Vide.

[Hrp : Aucun soucis Koyu-chan !]

Kozue était restée immobile. Seule sa main glissait. Les paroles de Tyki tranchaient le silence de la pièce, accompagnées du bruit des gouttes de pluie sur le toit. Elle détourna son regard de la fenêtre, et observa les cheveux noirs de Tyki, penché sur elle. Une fois qu'il eut fini, elle resta immobile quelques secondes et se redressa.

"Je vais y aller dans ce cas."

Elle posa ses pieds sur le sol froid, et se leva. Elle s'approcha de la porte et se retourna.

"Tu sais que tu peux me le dire Tyki. Peu importe ce qu'il s'est passé. Bref, à plus tard, Professeur."

Elle sortit de la pièce, les yeux dans le vague. Ce n'est qu'après quelques minutes qu'elle sortit de sa rêverie, les larme aux yeux. Elle remarque Koyuki, debout près de la porte. Elle leva les yeux vers elle, et tenta de lui faire un sourire.

"Tiens, bonjour Koyu-chan."

[ HRPG : Merci ^^ }

Koyuki n'entendait rien , de l'extérieur . Alors elle attendait , attendait .
Kozue en sortit , quelques minutes après . C'était peu remarquable , mais elle voyait que son amie eut les larmes aux yeux . Koyuki mit sa main sur l'épaule de Kozue et la regardait , triste :

- Bonjour , Kozue-chan ...
Mais ...

Elle enleva sa main et la mit sur son coude , toujours un air triste :

- Pourquoi tu pleures ? Même si tu essayes de le cacher , je le vois , Kozue . Tu as pleuré ... Il s'est passé quelque chose ?
* C'est sûr , quelque chose ne tourne pas rond . *

Le frêle sourire de Kozue s'affaiblit, puis disparut. Elle s'adossa au mur, en tentant d'écouter les mouvements de Tyki dans la pièce. Elle regarda Koyuki, et se mit à murmurer.

"Ce n'est rien Koyu-chan. Je crois que..."

Elle baissa les yeux, et regarda sa robe bouffante. Elle la trouva moche, à cet instant. Elle lui rappela Kagura.

"Nous n'avons pas la même conception du mot "amour" Tyki et moi. J'aurais du m'en douter de toute manière. Mais...C'est juste qu'il me cache quelque chose. Il garde un objet précieux, appartenant à une autre fille. J'ai le droit d'être jalouse non ? D'avoir envie de savoir pourquoi il garde ce ruban, alors qu'il appartient à cette fille que je ne supporte pas..."

Sa voix s'éteignit. Elle leva la main, et déchira un flot qui ornait le corset cousu à sa robe. Elle le laissa tomber, la paume ouverte.

"Cette fille que je hais au plus haut point..."

Tyki l'avait suivie du regard lorsqu'elle avait quitté la pièce. Il jeta un coup d'oeil au ruban qui avait provoqué la discussion, et le poussa de la table. L'objet sembla hésiter quelques secondes, puis bascula dans le vide. Il fit quelques zigzags dans l'air, avant de retomber sur le sol. Il commençait à se demander si l'avoir gardé n'était pas inutile. Il s'affala sur le lit en pausant sa main froide sur son front. Il s'étira longuement, et observa sa fenêtre. Toujours ce gris froid et sombre.

"Bon, et maintenant, je fais quoi ?"

Il commença à réfléchir à sa classe. Il se promit de donner un cours, bientôt. Il attrapa un livre sur la petite table la plus proche, et se coucha sur son lit, un bras derrière la nuque. Il se replongea dans la lecture de "Orgueil et Préjugés", tout en songeant au moyen de régler les problèmes avec Kozue.